Aucun sport ou loisir n’a eu autant d’engouement durant ces 30 dernières années que le cyclisme sous toutes ses formes.
Et depuis longtemps ceux qui passent beaucoup de temps sur leur vélo ont subi divers désagréments liés au contact trop prolongé de la selle avec l’entre-jambes appelé médicalement périnée.
Ce sont d’abord les professionnels et les semi-professionnels qui ont noté différents troubles, avant l’extension de la pratique par beaucoup d’amateurs.
Tout le monde a entendu parler des irritations du périnée qui conduisent souvent à l’apparition de furoncles douloureux, qui sont l’infection sévère de la base des poils.
Inconnu du public mais bien connu des anciens coureurs cyclistes il faut citer une curiosité appelé par les professionnels le troisième testicule et qui est une réaction à une irritation trop longue du périnée.
En fait il y a deux types bien distincts de troisième testicule :
- une tuméfaction solide, pleine d’un tissu inflammatoire qui se sclérose peu à peu
- un kyste contenant du liquide et que nous nommons hygroma ischiatique
C’est parce que l’impuissance est devenue à une époque un fléau chez les cyclistes professionnels et chez les amateurs acharnés, que certains médecins ont fait la relation entre impuissance et pratique intensive du vélo.
Depuis fort longtemps nombre de cyclistes faisant beaucoup de kilomètres se sont plaint de troubles parfois sévères de l’érection.
Mais ils n’avaient pas fait le lien entre leur problème sexuel et leur activité sportive et les médecins non plus jusqu’à un passé récent.
Cependant, un pionnier de la sexologie française, injustement oublié, Gérard Zwang, urologue de formation, a écrit un manuel de sexologie, malheureusement ancien et jamais remis à jour. Il a été un des premiers à faire le lien entre vélo et impuissance.
En dehors des coureurs cyclistes qui peu à peu se voyaient devenir impuissants il y avait ceux qui pendant les courses ressentaient des sensations étranges ou inquiétantes : fourmillements dans le pénis, sensations bizarres, perte de la sensibilité, endormissement du pénis.
Ces cas sont à prendre très au sérieux car il s’agit le plus souvent d’une atteinte neurologique et/ou neuromusculaire indiquant que les nerfs de l’érection ce sont détériorés : il est alors grand temps d’arrêter la pratique de ce sport, et/ou de recourir aux nouvelles selles de vélo.
L’explication en est simple : la compression et le frottement prolongé de la selle surtout si elle est étroite et dure avec le périnée provoque un écrasement des vaisseaux et des nerfs du pénis ainsi que des muscles du périnée. Plus la selle est étroite et plus la pression sera grande, et plus elle est dure et plus le frottement sera préjudiciable.
La meilleure prévention pour éviter ces graves désagréments sont les selles, devenues courante maintenant, qui sont largement échancrées en leur milieu dans le sens de la longueur : ainsi le périnée ne touche plus la selle. L’idéal étant d’avoir un appui uniquement sur les os du bassin c’est ce que nous appelons l’appui ischiatique, et sans appuis antérieur sous le pubis avec le bec de la selle.
Quand dans les années 2000 les sexologues voyaient des patients cyclistes atteints de troubles de l’érection leur devoir était de leur dire d’abandonner le vélo. Peu à peu les fabricants de selles ont compris que ce problème allait un jour se savoir dans le milieu cycliste et c’est pourquoi ils ont pensés à faire d’abord des selles avec un creux au centre de la selle, puis carrément une échancrure médiane dans le sens de la longueur.
Une dernière solution était d’enlever le bec avant de la selle afin que seuls les ischions (la partie postérieure du bassin) touchent la selle. Ce type de selle, du fabricant français Proust, nous semble la plus satisfaisante et elle offre en outre l’avantage de pivoter légèrement à chaque coup de pédale qui en effet provoque une légère rotation du bassin.
Actuellement, même si encore beaucoup de cyclistes amateurs ne connaissent pas les méfaits du frottement-écrasement du périnée sur la selle, dans les milieux sportifs le message est passé, et les selles échancrées se multiplient, et certaines marques de vélos haut de gamme les équipent d’emblée de telles selles.
Lorsqu’un cycliste présente ces symptômes il convient au minimum de changer de selle et de consulter un médecin spécialisé ayant le matériel nécessaire pour objectiver et mesurer les perturbations neuro musculaires existantes et d’en contrôler l’évolution afin de s’assurer que les nerfs et muscles atteints récupèrent leur tonus d’origine.
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