L’éjaculation précoce touche beaucoup d’hommes; 30% se disent concernés. Il s’agit souvent d’hommes jeunes « inexpérimentés » ou d’hommes qui n’ont jamais eu l’occasion ou la chance d’avoir des relations sexuelles satisfaisantes avec une partenaire ouverte au dialogue. Il s’agit donc le plus souvent d’un problème d’apprentissage ou de compréhension. L’éjaculation précoce peut aussi être due à un stress passager, un changement de partenaire ou à une prise de certains médicaments. Les hommes maîtrisent plus ou moins bien le moment de leur orgasme et l’éjaculation précoce est une notion relative. Un homme qui jouit après 3 minutes satisfera une partenaire très réactive et frustrera une partenaire plus tardive. On ne parle d’éjaculation précoce que lorsque celle-ci intervient avant ou dans les toutes premières secondes de la pénétration. Ceux qui n’entrent pas dans ce cas de figure, mais qui se sentent néanmoins un peu trop « rapide à dégainer » peuvent s’intéresser avec profit à la suite.
Idées fausses et description du phénomène
Idée fausse n°1 : L’éjaculation précoce est due à une hypersensibilité du pénis. Il faut donc diminuer les stimulations directes sur le pénis.
Idée fausse n°2 : L’éjaculateur précoce est un égoïste qui ne pense qu’à son plaisir et non à sa partenaire. Il faut donc lui apprendre à s’occuper de sa partenaire.
Idée fausse n°3 : L’éjaculateur précoce a des réflexes trop rapides. Il doit apprendre à les contrôler.
En fait s’il est vrai qu’une courte stimulation du pénis favorise l’EP (éjaculation précoce), il faut savoir qu’une stimulation prolongée du pénis entraîne une amélioration de ce symptôme. Le temps de stimulation directe du pénis et en particulier du gland, soit par caresses, soit par masturbation, soit par stimulations buccales peut être variable car un EP sait que certaines stimulations vont provoquer très rapidement l’éjaculation, c’est le cas de la pénétration. Alors que d’autres stimulations manuelles ou buccales vont être beaucoup plus facilement « contrôlées ».
En réalité ce n’est pas le contrôle qui s’opère mieux c’est le plaisir reçu par l’homme qui se fait dans de meilleures conditions. Nous verrons plus loin que cette attitude passive de réception favorise le fonctionnement d’un réflexe long qui retarde l’éjaculation. On a tendance a croire que l’EP est un égoïste qui ne pense qu’à son plaisir, et qu’il ne pense pas à sa partenaire. En fait, l’EP a très peu de plaisir car il est essentiellement axé sur le ‘donner’ et non sur le ‘recevoir’. Dans sa propension à être actif l’homme pense : pour satisfaire ma partenaire, je dois être actif, je dois m’oublier moi-même, ne pas penser à mon propre plaisir mais avant tout m’occuper de ma partenaire ne rien recevoir et tout donner. L’homme est alors ‘tout action’, ne cherche pas à recevoir du plaisir et c’est en grande partie pour cela qu’il est EP.
En fait il existe deux types de réflexes : un réflexe court et un réflexe long.
Tout d’abord, comment fonctionne un réflexe. L’activité réflexe ressemble au fonctionnement d’un condensateur électrique qui se charge progressivement et qui, lorsqu’il arrive à saturation, se décharge brutalement. Ce dernier serait placé dans la moelle épinière. Une stimulation au niveau de la peau, par exemple, est dirigée jusqu’à la moelle et charge le condensateur. Lorsqu’il est chargé à son maximum, il se décharge brutalement et provoque le réflexe éjaculation. Tout ceci est parfaitement superposable au réflexe rotulien. Lorsque le médecin frappe avec son marteau réflexe juste en dessous de la rotule, cela provoque une stimulation du condensateur médullaire qui, lorsqu’il est saturé, va se décharger en envoyant un influx nerveux dans un muscle de la cuisse qui étendra la jambe.
Il est important de comprendre qu’il existe des conditions au cours desquelles ce réflexe se déclenchera pour une faible stimulation, alors que dans d’autres circonstances cela nécessitera une forte stimulation. De plus, pour une même stimulation la réponse réflexe peut être faible, normale, vive ou exagérée. Chez un sujet particulièrement placide, les réflexes seront plutôt lents. Si le sujet est nerveux ou angoissé, les réflexes sont plus vifs et, à l’extrême, exagérés. Lorsqu’il y a une lésion médullaire, c’est le cas des paraplégiques lorsque la connexion entre la tête et la partie inférieure du corps est sectionnée, le réflexe court fonctionne alors au maximum. Le condensateur est très petit, la moindre stimulation déclenche le réflexe.
Toute tentative de contrôle de ce réflexe est d’abord rigoureusement inefficace car nul ne sait arrêter un réflexe, mais en plus provoque un état de tension de surveillance qui aggrave toujours le problème.
Un éjaculateur précoce fonctionne un peu comme un paraplégique. En effet chez le paraplégique, la moelle épinière est coupée. Cela veut dire qu’il n’y a plus de connexion nerveuse entre la tête et la partie inférieure du corps. C’est la raison pour laquelle il ne peut pas bouger volontairement ses jambes. Mais curieusement ses réflexes, en particulier le reflex rotulien, est très vif. Ceci s’explique par le fait que du cerveau viennent des fibres nerveuses qui vont normalement ralentir le réflexe et justement ces fibres sont sectionnées.
Il faut savoir qu’après un certain temps de stimulation, l’activité réflexe est moins vive, moins rapide, plus facilement contrôlable.
Pour cela il faut passer de la situation du réflexe court à la situation du réflexe long. En effet, nous remarquons que la stimulation sur le pénis, celle qui va activer directement le reflex court médullaire, va aussi monter jusqu’au cerveau et, là, activer des fibres descendantes qui, elles et elles seules, vont pouvoir calmer ce fameux réflexe éjaculateur.
Il convient d’ajouter à ces deux réflexes le court et le long, 2 nerfs qui vont avoir une action capitale dans le fonctionnement sexuel : le nerf Sympathique (NS) et le nerf para Sympathique (NPS).
Le NS est le nerf de l’action. C’est aussi le nerf du stress. Il est dominant au cours du réveil, il diminue l’érection et favorise l’éjaculation. Le NPS est le nerf du repos. Il est dominant au cours du sommeil, il favorise l’érection et retarde l’éjaculation.
Ces constatations physiologiques nous permettent de suggérer des comportements sexuels favorisant le traitement de l’éjaculation précoce.
Il convient donc de favoriser le réflexe long au détriment du réflexe court. Pour favoriser le réflexe long, les fibres ascendantes, celles qui vont du pénis au cerveau qui sont des fibres sensitives, celles qui assurent la perception du plaisir, la sensation, fonctionnent au mieux lorsque le sujet est au repos, non actif, plutôt passif qu’actif, dans une dominance PS au contraire ces fibres ascendantes sensitives sont inhibées pas le NS, donc par l’activité et le stress.
Plus précisément un EP est concentré sur sa partenaire, sur le plaisir de l’autre. Il est donc sur un mode actif, il est sous dominante S, ce qui va diminuer l’activité du réflexe long et donc favoriser l’EP.
L’EP a le sentiment que son pénis est trop sensible. Il va développer des systèmes complexes destinés à diminuer sa sensibilité, l’idéal pour lui étant de devenir un fakir, capable d’anesthésier une partie de son corps. Cette entreprise est bien aléatoire, mais toute tentative réussie allant dans ce sens diminuerait la sensibilité, la sensation, donc le plaisir et n’aurait pour conséquence que de bloquer le réflexe long et d’aggraver l’EP.
L’EP vit le plus souvent un enfer car sa sexualité n’est pas satisfaisante ni pour lui ni pour sa partenaire ce qui augmente son stress et aggrave la situation. Cependant, il reste persuadé qu’il existe un moyen de contrôler son éjaculation. Il veut donc y arriver à tout prix. Il a une volonté de réussite très marquée. Souvent dans la vie, l’EP réussi bien, c’est un battant, il est tonique, c’est un sympathicotonique, ce qui veux dire que, par rapport à la population normale, son NS est plus activé. C’est un actif voir un hyper actif et cela lui a bien réussi, aussi bien dans la vie sportive, que dans la vie professionnelle. Lorsqu’il pense réussite sexuelle, il est bien sûr tenté d’utiliser les mêmes lois, les mêmes voies nerveuses, les mêmes programmes. Il va réussir à la force du poignet sa sexualité comme il a réussi le reste, mais c’est là que la catastrophe commence. Car les lois ne sont pas les mêmes. La réussite sexuelle n’est pas sous dominante S elle est sous dominance PS les actifs sont pénalisés. Ceux qui pensent d’abord à leur partenaire aussi. Celui qui réussi sexuellement se laisse faire, il est plutôt passif et donc avec une partenaire active, il sait recevoir du plaisir avant d’en donner, ce qui favorise son érection et ralenti son éjaculation.
Mais l’hypertonique sympathique n’est pas un vaincu, il se bat, il veut gagner et redouble d’activité s’oublie de plus en plus est de plus en plus stressé, ce qui aggrave considérablement son état.
Nous voyons donc que l’EP a une très mauvaise connaissance de la physiologie sexuelle. Il s’est fait une idée du fonctionnement sexuel calqué sur la vie professionnelle ou sportive et ignore que le bon fonctionnement sexuel est à l’opposé de ce qu’il croit être généralement. Mais il s’obstine et s’enfonce dans son erreur, ce qui accroît son stress et les échecs répétés accroissent aussi son stress et donc son EP.
Il est probable que L’EP (éjaculation précoce) est aussi une difficulté pour l’homme à exprimer son agressivité face à sa partenaire sexuelle. Cette dimension n’est pas très simple à rationaliser, nous savons que la testostérone qui est l’hormone mâle est en même temps l’hormone du désir sexuel et de l’agressivité. Nous avons aujourd’hui des médicaments capables d’inhiber l’action de la testostérone, ce qui a pour effet de faire chuter le désir et l’agressivité. Désir et agressivité sont donc très liés et leur rôle dans la sexualité est majeur. Bien que modeste, la testostérone a une action sur l’érection, mais ne semble pas avoir d’action importante sur l’éjaculation.
En revanche, il est curieux de constater que l’EP est très rarement agressif vis à vis de sa partenaire sexuelle, bien qu’il puisse l’être dans sa vie professionnelle ou sportive.
L’EP est souvent un monsieur bien élevé. On lui appris qu’il fallait s’oublier pour se consacrer à sa partenaire mais également qu’il ne fallait pas chercher les conflits qu’il valait mieux les éviter, les fuir. En réalité, il se fait souvent marcher sur les pieds, car il ne sait pas gérer les conflits avec sa partenaire. Il est vrai que ce n’est pas simple d’aimer et savoir envoyer paître lorsque cela est nécessaire.
Méthode de l'apprentissage sensitif
De la même manière qu’une personne « tient plus ou moins bien l’alcool », un homme « tient plus ou moins bien le plaisir ». Vaincre l’éjaculation précoce revient donc à s’habituer à résister à des « doses » d’excitation croissantes. Dans ce contexte, la méthode de l’apprentissage sensitif est une méthode qui permet de s’habituer à ses propres sensations et ainsi d’apprendre à mieux « résister » au plaisir. Cela se pratique nécessairement en couple et nécessite la compréhension et l’aide de votre partenaire.
Préparation de la séance
Pour chacune des séances, il est indispensable pour les deux partenaires d’avoir l’esprit dégagé de toute contingence matérielle et d’être relaxé. Créer un cadre adéquat en empêchant le téléphone ou les enfants de vous déranger, en oubliant les événements de la journée, les rendez-vous du lendemain. Évitez de prendre trois cafés serrés avant la séance. Prévoyez une durée suffisante sans interruption du type : j’ai faim, j’ai froid, j’ai envie de faire pipi. Si un bain ou une douche vous détend avant, n’hésitez pas. Vous pouvez également mettre de la musique et une lumière douce.
Étape 1
La position des partenaires pour cette séance doit être confortable et ne présenter aucune gène. Certains ouvrages préconisent la position suivante, bien qu’elle ne soit pas la seule. Votre partenaire s’assoit le dos appuyé contre la tête de lit. Vous vous allongez sur le dos devant elle, en passant les jambes sur ou sous les siennes afin qu’elle puisse « accéder » à votre sexe et votre ventre.
Votre partenaire va vous caresser le sexe et le bas ventre afin d’obtenir une érection. Le membre doit être raide et le gland décalotté. N’hésitez pas à parler pour expliquer ce que vous ressentez. Votre partenaire pourra ainsi apprendre à reconnaître, par l’observation et par les caresses qu’elle vous procure, les signes de votre excitation.
Si l’excitation devient trop importante, il faut la contrer. Certains préconisent pour cela le squeezing, d’autres, le simple fait de cesser toute excitation (appelé stop and go). Après quelques instants, lorsque l’excitation a diminué, votre partenaire peut reprendre ses caresses pour obtenir une nouvelle érection.
L’alternance des caresses et des pauses peut durer de nombreuses minutes. Durant cette séance, vous ne devez pas vous préoccuper du plaisir de votre partenaire et elle doit l’accepter. A la fin de la séance, si elle le désire, vous pouvez lui procurer du plaisir mais sans pénétration par votre verge. De même, si vous ne pouvez empêcher une éjaculation, elle devra avoir lieu sans pénétration. Cette étape pourra être suivie pendant plusieurs semaines.
Etape 2
Installez-vous comme précédemment. Votre partenaire vous amène à l’érection. Après deux ou trois pauses ou compressions, lorsque vous sentez que votre excitation n’est pas trop importante, elle peut venir s’accroupir sur votre verge et l’introduire doucement. Elle ne doit pas trop peser sur vous. N’hésitez pas à la guider. Maintenez cette position sans bouger en vous détendant le plus possible. L’objectif est de maintenir le plus longtemps possible cette pénétration sans éjaculation. Si l’excitation devient trop forte, votre partenaire se dégage et éventuellement exerce quelques pressions sur votre verge. Dès que possible, recommencez l’exercice. A l’inverse, si l’érection faiblit, votre partenaire peut contracter ses muscles périvaginaux pour exercer une pression sur votre verge. Chaque séance peut durer dix à vingt minutes. Cette deuxième étape peut également durer quelques semaines.
A l’issue de ces séances, vous devez avoir acquis une meilleure évaluation de votre excitation et, à défaut de résistance accrue, une meilleure sensation de vos signes avant coureurs, ce qui permet à votre partenaire de vous « calmer » avant de reprendre le coït.
Applications locales
Les zones réflexes de l’éjaculation sont à l’extrémité de la verge. On peut avoir recours à des anesthésiques locaux pour réduire la sensibilité du gland. Ces anesthésiques se présentent sous la forme de gel ou de spray. Ils sont à base de lidocaïne. L’inconvénient des ces produits est qu’ils jouent sur les deux partenaires en même temps. Ce qui fait durer l’homme, aura tendance à retarder la femme. Ceci ne résout donc qu’une partie de l’équation.
Traitements médicamenteux
Il est possible de recourir à l’injection intracaverneuse. La substance déconnecte l’érection de l’orgasme. Ainsi l’érection perdure après l’éjaculation et permet de satisfaire la partenaire. L’intérêt est surtout de rompre le cycle échec-anxiété-échec.
Parfois sont prescrits des anxiolytiques, des neuroleptiques mais seuls les inhibiteurs de la sérotonine ont une efficacité avérée, souvent spectaculaire.
Rappelons que dans tous les cas de figure, il convient de consulter un médecin spécialiste.
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